Made_In Subliminati Corporation

par clotilde / Les résidences d'artistes

Depuis le 6 janvier 2020, la compagnie Subliminati corporation est en résidence au POLE pour la création de leur prochain spectacle Made In.
"Je ne suis pas ce que j’ai été. Je n’ai pas été ce que j’aurais pu être. Je ne suis pas devenue ce que j’aurais pu devenir. Je n’ai pas tenu mes promesses."
Introspection (Peter Handke)

Ilaria Senter et Mikel Ayala ont répondu à quelques questions:

 

  • Comment est né le projet MADE_IN ?

Il est né de l'idée d'écrire ensemble, Le côté humain est très important et nous nous entendions bien artistiquement on a donc eu le désir de faire un duo. Le propos qui est l'enfance est lui venu au fur et à mesure de nos recherches, on s'est penché sur les illusions et désillusions que l'on a enfant et à l'âge adulte , ce pendule entre magie et désespoir .

 

  • Pourquoi ce titre ? un lien avec le fait de grandir et donc de se "fabriquer" ? 

C'est déjà le fait de se "fabriquer" grâce à nos choix et les assumer par rapport à la société , comment la société me transforme et ce que je peux choisir de devenir ou pas. L'identité n'est pas quelque chose que l'on trouve une fois et que l'on garde pour toujours. On est tout le temps en train de définir qui l'on est. Cela questionne donc l'identité que l'on ne choisit pas , comme par exemple la pièce d'identité ou notre patrimoine génétique. Alors qu'au fur et à mesure que l'on grandit, notre profession, la langue que l'on a apprise c'est ça notre vraie identité. De ce fait "Made in" sans aucun pays cité c'est l'idée de l'être humain qui va se construire sans barrière identitaire  dans une culture particulière. Je suis italienne, Mikel est basque- espagnol, la metteuse en scène est belge, il y a donc un mélange aussi dans la façon de travailler et cela va créer une identité nouvelle.

 

  •  Quels axes avez-vous choisi pour parler de l'enfance ? 

Dans l'étape de création où nous sommes, on se donne toutes les libertés dans les modes de jeux, théâtrale ou en adresse direct au public ou des situations plus oniriques. Nous sommes partis de notre intime et non pas de l'enfance en général, nos souvenirs nos peurs, nos projections, nos rêves,

 

  • Où en êtes vous dans votre étape de travail ? 

On vient de tenter un filage pour avoir le squelette du spectacle. Mais les scènes ne sont pas finies et il y a beaucoup d'improvisations. On crée des scènes avec nos envies personnelles que l'on essaie de mettre en ordre  pour pouvoir les retravailler ensuite.

 

  • Quelles formes circassiennes allez-vous intégrer dans ce spectacle ? 

Nous avons le mât chinois, qui impose une relation avec la hauteur , les massues,le hula hoop et une partie avec de la manipulation d'objets : des journaux, des balais, une hache. Nous avons essayé d'intégrer le cirque dans un propos qui parle de l'actualité qui est entre l'intime et le politique et qui amène l'extraordinaire du cirque dans l'ordinaire du quotidien. 

 

  • Cette création est-elle destinée au jeune public de part son thème ? 

Non, on veut qu'il y ait une double lecture possible. On ne veut pas de séparation entre les deux mondes mais plutôt un partage. Mais on a l'impression qu'aujourd'hui les enfants sont en sur-protection et on s'interdit parfois des choses alors que dans la vie de tous le jours ils y sont confrontés. C'est donc accessible aux enfants mais pas destiné aux enfants.

 

  • Pour vous l'art et notamment le cirque doit-il questionner quelque chose ? A t-il un but ? 

Mikel : oui ! Je préfère d'ailleurs alors voir du théâtre  que les spectacles de cirque où il n'y a que de la technique. et ou il n'y a pas de propos et de vraie dramaturgie. Nous mettons vraiment l'accent sur la dramaturgie, nous avons toujours du texte dans nos spectacles  même si on a eu des retours de personnes qui nous disaient qu'il ne devait pas y avoir de texte dans le cirque. Donc on défend la technique mais aussi le texte.

Je préfère donc un cirque traditionnel où la virtuosité est assumée qu'un spectacle entre-deux qui n'assume pas le propos sous-jacent.

 Ilaria  : pour moi l'art doit percer quelque chose, ça peut être d'un point de vue de la beauté mais c'est difficilement universel, on peut appeler ça la poésie visuelle dans le cirque. Mais il est difficile parfois d'aller au bout de nos idées car elles sortent du spectacle familial, grand public. Au niveau de la diffusion par exemple on demande que le cirque soit commercial, simplement divertissement, et l'artiste se sent du coup bloqué dans la création. On doit faire des compromis.

 

 

 

La première de Made_In est prévue en novembre 2020, stay tuned !