L'école fragile
L’école fragile
Il s’agit en partenariat avec la compagnie Attention fragile d’installer de façon durable à La Valette-du-Var, à l’est de Toulon, un chapiteau pour y accueillir une véritable école de cirque et de théâtre, où se croisent des pratiquants de tous niveaux et de tous horizons.
Le lieu :
Un grand chapiteau carré, et tout autour, quelques caravanes, un bureau mobile installé dans un autobus, en plein milieu de la ville.
Le chapiteau accueille les ateliers, les stages, c’est l’endroit des pratiques.
Les caravanes, elles permettent d’accueillir des artistes en résidences qui échangeront avec les pratiquants pendant un temps donné leurs compétences, leurs spécialités au travers de leur démarche artistique spécifique.
L’autobus : un autobus est plein de fenêtres, c’est l’endroit idéal pour abriter un bureau ouvert sur le lieu qu’il administre et sur la ville dans laquelle il est posé.
La Ligne pédagogique et artistique :
Depuis sa création, la compagnie Attention fragile, le maître d’œuvre du projet, mène également un travail de création transversal entre le théâtre, le cirque et la musique. Cela ne veut pas dire qu’il oscille entre des disciplines, mais qu’il essaie d’inventer un langage artistique où ces disciplines deviennent indissociables.
Plus encore, depuis sa création, Attention fragile a toujours associé aux représentations qu’elle donnait des rencontres, des stages, de moments informels ou formels pour que le fait artistique soit partagé par ceux qui le vivent comme spectateurs autant qu’acteurs. Parce que l’art se pratique avant de se regarder.
Voilà ce qu’écrivait Gilles Cailleau, directeur artistique de la compagnie il y a quelque temps pour présenter un stage animé au Théâtre Liberté :
« Tout le monde peut faire du théâtre ou du cirque s’il en a envie, d’ailleurs tout le monde en a fait. Souvent c’est avant 7 ans, dans les cours de récréation, que ça se passe, on se déguise, ou pas, et à 2 ou 3 ou plus, ou seul, on joue qu’on est un autre. Ou alors on se met sur les mains, à 4 pattes, on fait le pont.
Et puis, un jour, on se regarde et on se trouve un peu idiot d’avoir dit : « On dirait qu’on serait… », ou on se trouve un peu bête la tête en bas, alors on arrête, et puis un peu plus tard, on apprend à l’école que le théâtre, c’est surtout de la littérature, alors si on a peur des livres, on se dit que le théâtre, c’est compliqué, et si on préférait marcher sur les mains, quelqu’un nous dit au mieux « tu devrais faire du sport », et au pire : « Arrête de bouger, tu me donnes le tournis. »
Mais le théâtre ou le cirque, tout le monde peut en faire s’il a envie de raconter des histoires, qu’elles soient tristes ou gaies.
N’importe qui ayant envie de raconter quelque chose de lui ou du monde doit se souvenir qu’il en a et le droit et les moyens.
Le droit, parce que le droit au spectacle est aussi universel que le droit de chanter ou de jouer ou de boire ou de manger, les moyens parce qu’on fait peut faire du théâtre ou du cirque avec ou sans parler, avec son corps habile ou maladroit, avec tout ce qu’on sait faire ou ce qu’on ne sait pas très bien faire, avec ses qualités, avec son ou ses handicaps, on peut en faire avec un instrument de musique, avec les doigts, avec les pieds, avec sa tête ou avec tout son corps, avec des oripeaux ou des bouts de ficelles… il suffit d’avoir conscience qu’on en a le droit. Après, c’est juste question de travail. »
Les publics concernés :
C’est d’abord autour de la pratique scolaire que les ateliers vont se développer. Et cela en profitant du partenariat avec LE PÔLE, de celui avec le collège Daudet à la Valette qui mène depuis longtemps un projet autour du cirque, de la proximité du collège Bosco, situé à 50 mètres du chapiteau et avec lequel nous travaillons intensément, de la proximité aussi avec le lycée Rouvière avec lequel nous travaillons depuis presque 10 ans, sans oublier les écoles primaires toutes proches. C’est vraiment une école dans la ville.
Cette école accueillera des élèves en difficulté dans le cadre d’un projet de lutte contre le « décrochage scolaire ». Impliquer des élèves ayant abandonné leur scolarité au collège, les amenés à devenir partie prenante de cette école différente, et mettre en œuvre un projet artistique et culturelle à leur attention sera un enjeu important du projet. Ce volet sera construit en étroit partenariat avec les équipes pédagogiques du Collège Daudet. Le chapiteau pourra devenir un lieu de regroupement et de fait, e mise ne cohérence des actions menés dans l’établissement.
Et puis, il s’agit aussi d’organiser des ateliers réguliers, des stages ou des master class avec des amateurs, des professionnels Varois, des groupes constitués.
Ce sera également l’occasion de développer un travail déjà engagé sur le quartier de Sainte Musse en partenariat avec le CNDCC Châteauvallon et la compagnie Attention fragile. Depuis 2 ans avec le CNCDC de Châteauvallon, nous accueillons pour des spectacles le public du quartier Sainte-Musse, tout proche, c’est le moyen de consolider cette rencontre avec de la pratique.
Les projets menés en lien avec le CNRR de Toulon Provence Méditerranée pourront également bénéficier de ce nouvel outil. Depuis 2008, Gilles Cailleau anime des master Class avec le CNRR de Toulon, c’est aussi un espace pour travailler davantage dans ce sens-là.
De même avec le Théâtre Liberté avec lequel LE PÔLE organise de nombreuses coréalisations et la Cie des sessions de pratiques auprès de publics exclus des chemins traditionnels de la culture, primo-arrivants, femmes de marins, gens en réinsertion… L’école sera un lieu offert à cette pratique décloisonnée des arts.
Ajoutons, qu’un chapiteau vaste et aménagé à cet endroit, s’il remplit pleinement sa fonction, est un lieu de plus offert aux compagnies Varoises en recherche de lieu de répétition, à des compagnies de cirque venues de plus loin, c’est aussi, de l’autre côté de la métropole Varoise, un lieu qui peut travailler main dans la main avec le Théâtre Europe à la Seyne-sur-Mer.
La formation
Depuis sa fondation LE PÔLE déploie des actions de formations à l’attention de publics divers : dans les crèches, dans les quartiers avec des ateliers de pratique musicale pour non musicien, pour les enseignants dans le cadre du dispositif « Formation culture à portée de main ».
Au cœur de la programmation du PÔLE se dessine un projet d’éducation artistique. Il est issu des propositions des artistes, en cohérence avec les pratiques et les projets culturels des enseignants, en lien avec le volet culturel des projets d’écoles et d’établissement. Le projet éducatif du PÔLE vise à l’éveil artistique des plus jeunes, enfants et adolescents. Nous souhaitons susciter la curiosité pour les arts vivants, faire découvrir des œuvres dans tous les champs disciplinaires, former le goût, permettre d’aiguiser le regard critique des élèves, mettre en œuvre une véritable « école du spectateur ». Par ces actions nous voulons les guider dans la découverte de leur sensibilité dans les domaines du théâtre, de la danse, du cirque contemporain, de la musique et résolument engager les jeunes générations dans la pratique artistique et culturelle.
C’est une envie partagée avec la compagnie Attention fragile :
Il a fallu plus de 10 ans de pratique d’acteur à Gilles Cailleau avant qu’il accepte d’entrer dans une démarche de pédagogue, il s’y refusait avant cela, ayant l’impression de ne pas comprendre assez lui-même sa propre pratique pour l’enseigner, et puis en 1997, l’École Nationale de Cirque de Châtellerault lui a demandé d’animer une semaine de formation auprès de ses élèves de préparation aux concours et il a commencé avec eux ce chemin pédagogique.
Depuis, il a travaillé comme formateur auprès du CRAC de Lomme, du CNAC, Du Lido à Toulouse, cela pour le cirque, et auprès de l’École du Nord (ancienne EPSAD) et du Conservatoire de Toulon.
Il est pour un peu plus d’un an, jusqu’à fin octobre 2015, artiste associé au Pôle National de Cirque d’Auch pour un projet de création et de pratique artistique avec les habitants d’un quartier difficile du Grand Auch.
Les autres membres de la compagnie ont développé eux aussi une pratique pédagogique à l’intérieur ou à l’extérieur de la compagnie auprès d’écoles, mais aussi de publics en difficulté.
Les premières étapes du projet :
- Mars 2015 : embauche d’un « avant-coureur » du projet.
Dans le cirque traditionnel, un avant-coureur est celui qui en éclaireur va dans tous les endroits pressentis de la tournée pour à la fois démêler les problèmes techniques et prévenir de la prochaine arrivée du cirque. Ici, il s’agit de la même chose, préparer avec les partenaires (et il y en a) l’ouverture de l’école, organiser les ateliers, consigner les difficultés techniques et administratives, bref ! Être la véritable interface entre les techniciens, les administrateurs et les artistes de la compagnie, la Ville de La Valette, les structures partenaires, les établissements scolaires…
- Été 2015 : préparation technique du terrain (stabilité, électricité, sanitaires, mise en sécurité ERP…)
- Rentrée 2015 : Organisation finale des ateliers, reprise de contact avec les établissements scolaires, les habitants, les structures.
- Novembre 2015 : inauguration et ouverture de l’école à la rentrée de la Toussaint.
L’école dans le temps :
Une démarche pédagogique n’est pas éphémère, même s’il elle s’incarne dans un lieu démontable elle a vocation à durer. D’autant plus que ce qui va s’y enseigner, ou s’y exercer, propose un regard singulier sur l’acte créatif, lié à la philosophie du spectacle proposée par Gilles Cailleau.
Nous l’imaginons comme un lieu destiné à évoluer, mais à s’installer dans un temps long sur ce territoire. Même si le déplacement possible du chapiteau permet par exemple d’envisager que cette école se déplace tous les 3 ans sur une commune différente de Métropole Toulon Provence Méditerranée, pour innerver ce territoire de pratiques artistiques, il faut d’abord qu’elle s’enracine à un même endroit.